Non, tous les clients d'escorts à Zurich ne sont pas nécessairement des "enfoirés" et les femmes ne sont pas toutes des paumées. Certains sont des personnes bien, vivent des moments forts et peuvent même tomber amoureux. Dans une entrevue avec un client au cœur un peu brisé, nous explorons cette réalité.
"Récemment, François (prénom d'emprunt) nous a écrit : 'Je fréquente des escort à Zurich et j'ai tendance à tomber amoureux d'elles...'. Il a souhaité partager son histoire, dans le but d'apporter une certaine humanité à ce type de relation. Parce que pour lui, il s'agit bel et bien de 'relations'. Nous allons en parler.
Avant de faire appel à des escort à Zurich, François, un professionnel qui a l'apparence d'un fonctionnaire et surtout son souci du mot juste, a passé un peu plus de quinze ans avec la mère de ses enfants, qui était en réalité sa première partenaire. Ils se sont rencontrés à l'adolescence, et il l'a observée pendant de nombreuses années. Et au lit ? 'Nul à chier', répond-il d'un ton sarcastique lors de notre récente rencontre virtuelle. 'Vraiment nul.'
'Eh bien', poursuit-il, 'j'ai une libido assez forte, tandis qu'elle en avait très peu. Honnêtement, c'était comme si elle voulait s'en débarrasser. Très décevant.' Pensez-y : dix fois par an maximum. 'Et Internet était mon bon ami', ajoute-t-il en haussant les épaules.
Oui, absolument. Mais la discussion n'a rien donné de bon. Au contraire : 'Cela finissait toujours en dispute. Elle me faisait sentir extrêmement coupable d'avoir une libido élevée. Mais malgré tout, il y avait de l'amour', précise-t-il. 'C'était une femme que j'aimais beaucoup. Et puis il y avait les enfants, la maison, les choses classiques...' C'est probablement pour cela qu'ils sont restés ensemble si longtemps. Parce que non, la sexualité n'a pas été le 'point central' de leur rupture."
Ce n'est qu'à la fin de sa relation que, par curiosité, François décide finalement de franchir le pas en répondant à une petite annonce d'escort à Zurich dans un journal (comme cela se faisait à l'époque). Sa toute première expérience est tout sauf mémorable. "Ça a été vraiment médiocre", répète-t-il. D'abord, il se sent partagé : d'un côté, il est extrêmement nerveux (en raison de l'aspect "illégal" de la situation), mais d'un autre côté, il est évidemment excité (il admet qu'il y a un petit frisson à transgresser l'interdit). Pourtant, il ne peut s'empêcher de penser : "Je n'arrive pas à croire que j'en suis arrivé à payer pour des relations sexuelles ! J'ai 30 ans, dans ma tête, ça ne devrait pas se passer comme ça..."
Il faut dire que rien ne se déroule comme il l'avait anticipé. Imaginez la scène : il se présente au rendez-vous la veille du jour prévu (ils ont mal compris les détails), et la femme est en train de manger en fumant, "presque en pyjama", se souvient-il vaguement. Autant dire que le décore imaginé est bien loin. "J'ai fait ce que j'avais à faire, mais cela manquait d'érotisme. C'était plutôt mécanique..."
Malgré cette mésaventure, il ne peut s'empêcher de récidiver de temps en temps, ici et là, bien que ce ne soit qu'une fois officiellement séparé que François commence réellement à avoir des "relations" de ce type, et ce, de manière plus régulière avec une escort à Zurich.
"Environ une fois toutes les deux semaines", estime-t-il. Généralement avec différentes femmes. Jusqu'à ce qu'il rencontre une escort qui mette fin à son envie de voir ailleurs. "Et je suis tombé éperdument amoureux d'elle...", dit-il en souriant tristement.
Il ne cache d'ailleurs pas pourquoi : "Il y a eu une véritable connexion entre nous, cela s'est déroulé naturellement, comme si nous nous connaissions depuis dix ans."
J'avais l'impression d'avoir enfin le droit d'apprécier cela. L'escort a dissipé ces idées selon lesquelles c'était mal. Ces idées selon lesquelles je devrais me contrôler. Cette femme a réussi à me faire sentir que c'était acceptable...
En réalité, elle se concentre sur "son" plaisir, lui sur le sien, il sent qu'elle apprécie, surtout qu'elle ne se dépêche pas d'en finir. C'est "doux", dit-il, et "tendre". Et ça dure des heures. "Je payais pour une heure et ça durait deux, trois heures, parce qu'on se blottissait, on discutait, etc." Presque comme des amoureux, à quelques détails près : pas de "je t'aime" ici, ni de baiser sur la bouche.
François ne le cache pas : "J'aurais voulu être son amoureux", confirme-t-il, au point qu'il a arrêté de coucher avec elle. Pourquoi donc ? "Je ne voulais plus coucher avec l'escorte, mais avec la femme..."
"Il y a eu de l'attachement", ajoute-t-il. Ils ont continué à se voir (elle lui a présenté ses enfants, ils ont même passé un Noël ensemble), mais cela s'est finalement arrêté là. "Elle ne voulait pas être ma petite amie, donc voilà..."
On comprend que cela n'a pas été facile pour François. "Ce fut très difficile", confirme-t-il doucement. "Très, très difficile." Il a même "pleuré son existence", comme on dit.
Parenthèse : on ose lui demander s'il s'est interrogé sur le plan éthique. "Bien sûr, oui", répond-il. "Mais lorsque je sens que le plaisir est partagé, que c'est agréable pour les deux, ces questionnements sont beaucoup moins présents..." Fin de la parenthèse.
Et puis la vie a suivi son cours. Sur un site de rencontre, François a finalement rencontré une petite amie. Une relation "extraordinaire" sur le plan sexuel, même si elle n'a duré que quelques mois. "Et elle aussi a contribué à me faire comprendre que j'ai le droit d'aimer ça." Puis est venue une autre histoire d'amour (sans escorte cette fois), qui a duré sept belles années (au cours desquelles Éric n'a jamais mentionné son passé, car c'était le "passé", précisément). "Et je pense encore à elle", confie-t-il. "C'est une femme extraordinaire." Encore une fois, au lit avec elle, c'est "phénoménal". Les choses ont vraiment évolué de ce côté-là. "Le monde s'arrêtait de tourner, c'est aussi simple que ça. À chaque fois, c'était phénoménal ! Nous étions faits pour faire l'amour ensemble !"
Depuis lors, François a repris ses rendez-vous sporadiques avec des escort à Zurich et, comme vous l'avez deviné, il est à nouveau tombé amoureux d'une femme avec qui la connexion était "magique". Cependant, pour une raison qu'il ne comprend pas vraiment, cette escort a fini par cesser de répondre à ses messages. Elle a coupé les ponts, en somme. Une fois de plus, il confirme : "J'ai été très blessé."
Il s'est ouvert pendant plus d'une heure. Non sans difficulté, et on peut deviner que la conclusion à laquelle il arrive lui fait mal. François avance : "Oui, je m'attache, car j'ai l'impression que c'est réciproque ! Je pense que j'étais un client privilégié, mais je restais un client malgré tout!"
Cependant, ce n'est pas ce qu'il souhaite que l'on retienne de son histoire. Au contraire, il souhaite que l'on "dramatise moins" le rôle des escortes;" Je sais bien que des histoires à la fugueuse existent réellement. Mais ce n'est pas nécessairement toujours le cas...", qu'on le considère comme quelque chose de "normal". Et surtout, il souhaite que l'on reconnaisse la nature de "relation" dans tout cela : "Parce qu'avant tout, c'est une relation." Même si elle est unilatérale.